Chaque jour en France, des centaines de personnes découvrent qu’elles sont atteintes d’un cancer de la peau. Et dans bien des cas, ce n’est pas un grain de beauté suspect qui les a alertées… mais un simple bouton ou une plaque sèche, souvent ignorés.
En 2023, plus de 17 900 nouveaux cas de mélanome ont été diagnostiqués en France, et plus de 70 000 cas de carcinomes cutanés sont estimés chaque année. Ces formes non pigmentées de cancer, comme le carcinome basocellulaire ou épidermoïde, sont de plus en plus fréquentes — et pourtant, elles passent souvent inaperçues.
« Un petit bouton qui ne guérit pas ou une plaque qui ressemble à de l’eczéma peuvent être les premiers signes d’un carcinome cutané », alerte la Dre Fatima Awdeh, dermatologue britannique, dans une vidéo devenue virale sur Instagram.
Et c’est bien là le problème : ces symptômes discrets ne provoquent ni douleur, ni alarme immédiate. Résultat : les consultations sont retardées, les diagnostics aussi.
Alors, quels sont ces signes que l’on sous-estime encore trop souvent ? Et pourquoi sont-ils si difficiles à repérer à temps ?
On fait le point.
Voici les deux signes discrets que vous devez connaître
Tous les cancers de la peau ne commencent pas par un grain de beauté suspect. Dans la majorité des cas, les signes sont moins spectaculaires, mais tout aussi révélateurs pour un œil averti.
Voici les deux symptômes souvent ignorés, mais fréquemment associés aux carcinomes cutanés, selon la Dre Fatima Awdeh et plusieurs experts dermatologues :
1. Un bouton qui ne guérit pas
C’est le signe le plus courant du carcinome basocellulaire, le type de cancer de la peau le plus fréquent. Il se présente comme un petit bouton ou une bosse, parfois brillante, qui :
- reste visible plus de trois à quatre semaines,
- forme une croûte légère qui revient au même endroit,
- peut saigner légèrement ou sembler irrité.
Souvent confondu avec un bouton d’acné ou une petite lésion bénigne, ce signe est pourtant un indicateur majeur lorsqu’il ne cicatrise pas.
2. Une plaque rouge ou sèche persistante
Apparentée à un eczéma ou à une dermatite, cette lésion peut signaler un carcinome épidermoïde, une autre forme fréquente de cancer cutané. À surveiller particulièrement si la plaque :
- est rugueuse, squameuse ou légèrement enflammée,
- gratte sans raison apparente,
- ne réagit pas aux crèmes classiques ou aux soins hydratants.
Ces lésions sont souvent situées sur les zones exposées au soleil : visage, mains, cuir chevelu, oreilles, épaules.
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Pourquoi ces signes passent inaperçus ?
Ces deux symptômes – un bouton persistant et une plaque sèche – ne correspondent pas à l’image que la plupart des gens (et même certains professionnels) se font d’un cancer de la peau. Ils ne sont ni spectaculaires, ni douloureux, et c’est précisément ce qui les rend trompeurs.
Un biais visuel et culturel
On associe souvent le cancer de la peau au mélanome, qui se manifeste par un grain de beauté sombre, irrégulier, en changement.
Les campagnes de prévention ont longtemps mis l’accent sur les “ABCDE” des grains suspects (asymétrie, bord, couleur, diamètre, évolution).
Résultat : les formes non pigmentées comme les carcinomes basocellulaires (67 % des cancers cutanés non-mélanomes) et les carcinomes épidermoïdes (33 %) sont largement ignorées
Une confusion fréquente avec des affections bénignes
- Un bouton rebelle est pris pour de l’acné tardive.
- Une plaque rouge évoque un eczéma, une irritation, voire une allergie.
Certaines personnes attendent des mois avant de consulter, pensant qu’avec le temps, ça partira. D’après une étude de 2010, 71 % des patients retardaient la consultation en pensant que cela allait disparaître ou n’était pas grave.
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Un diagnostic parfois retardé, même chez les médecins
Lorsqu’il n’y a pas de pigmentation ni de douleur, le diagnostic différentiel est plus difficile en médecine générale. Le délai moyen entre l’apparition d’un carcinome basocellulaire et sa prise en charge atteint environ 20 mois.
Certains traitements symptomatiques (corticoïdes, crèmes cicatrisantes) masquent temporairement les signes, ce qui retarde encore l’orientation vers un dermatologue.
Le rôle des médecins non spécialistes
Selon une enquête de la American Society for Dermatologic Surgery, 90 % des chirurgiens dermatologiques ont constaté des cas manqués ou mal diagnostiqués par des médecins généralistes.
La confusion est fréquente entre ces cancers et des lésions banales comme du psoriasis, kératose ou eczéma.
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Les conseils des dermatologues pour ne pas passer à côté
Pour éviter un diagnostic tardif, les dermatologues insistent sur quelques principes simples, accessibles à tous, et parfois décisifs. Il ne s’agit pas de devenir paranoïaque, mais d’apprendre à repérer ce qui sort de l’ordinaire — même légèrement.
Adoptez la règle des « 3 semaines »
Une lésion qui ne guérit pas après trois semaines, malgré les soins classiques (crème hydratante, antiseptique, traitement anti-acné), doit systématiquement être montrée à un professionnel de santé.
Ce délai est un repère fiable pour distinguer une irritation passagère d’un signe potentiellement plus sérieux.
Observez les zones exposées
Les carcinomes apparaissent majoritairement sur les parties du corps exposées au soleil : visage, oreilles, cuir chevelu, nuque, dos des mains, bras.
Il est conseillé de vérifier régulièrement ces zones, surtout après une longue période d’exposition (vacances, jardinage, sport en extérieur…).
Ne minimisez pas un bouton « persistant »
Un petit bouton qui revient au même endroit, qui croûte légèrement puis réapparaît, n’est pas forcément bénin. Même s’il ne fait pas mal et semble discret, il peut s’agir d’un carcinome basocellulaire. La douleur n’est pas un critère fiable.
Consultez au moindre doute (même si ce n’est “rien”)
Trop de patients hésitent encore à consulter pour ce qu’ils jugent être un détail : un bouton persistant, une plaque sèche, une petite croûte. Par peur d’exagérer ou de “déranger pour rien”, ils attendent… parfois trop longtemps.
Pourtant, un examen dermatologique dure souvent moins de 15 minutes. Il permet d’être rassuré rapidement ou, si nécessaire, d’agir sans tarder. En dermatologie, plus un diagnostic est posé tôt, plus les traitements sont simples, locaux et sans séquelles.
⚠️ Mais attention : les délais pour obtenir un rendez-vous chez un dermatologue peuvent dépasser plusieurs mois dans certaines régions. C’est une raison de plus pour ne pas attendre que la situation s’aggrave avant d’agir.
Protégez votre peau : prévention avant tout
Le lien entre exposition solaire et cancer cutané est prouvé. Même si vous ne vivez pas sous les tropiques, le port de crème solaire, de vêtements couvrants ou de chapeaux reste l’un des gestes les plus efficaces pour réduire le risque. C’est valable aussi en ville ou par temps nuageux.
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Conclusion : mieux vaut savoir trop tôt que trop tard !
Le cancer de la peau fait encore partie de ces maladies que l’on croit bien connaître… jusqu’à ce qu’il se manifeste sous une forme que personne n’attendait. Un bouton persistant, une plaque sèche anodine — rien de spectaculaire, mais parfois, tout ce qu’il faut pour déclencher un carcinome.
Le vrai danger, ce n’est pas d’être trop inquiet. C’est de penser que “ça n’est rien” et d’attendre. Un diagnostic posé à temps permet souvent une guérison simple, rapide et complète. À l’inverse, un retard peut compliquer inutilement les choses.
La bonne nouvelle, c’est qu’aucune expertise médicale n’est nécessaire pour avoir les bons réflexes. Observer, comparer, consulter : ce sont des gestes simples, accessibles à tous.
Alors non, il ne s’agit pas de vivre dans la peur.
Mais dans le doute, consulter n’est jamais une erreur. Surtout quand une simple visite peut faire toute la différence entre une alerte sans suite… et une prise en charge vitale.
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