C’est le cauchemar de tout conducteur. Vous roulez tranquillement de nuit sur une route départementale ou une autoroute peu fréquentée. Soudain, dans votre rétroviseur, des éclats bleus.
Une voiture banalisée vous colle, un gyrophare bleu sur le toit, et vous fait des appels de phare insistants. Par réflexe et par respect de l’autorité, vous mettez votre clignotant et vous vous arrêtez sur le bas-côté.
Vous pensez avoir commis un petit excès de vitesse ou être soumis à un contrôle de routine. En réalité, vous venez de tomber dans le piège des « pirates de la route ». Ces bandes organisées, qui se font passer pour des forces de l’ordre, n’en veulent pas à votre permis de conduire, mais à votre portefeuille et vos objets de valeur.
Depuis la fin de l’année 2024, ce phénomène d’usurpation de fonction publique explose en France. Mais rassurez-vous : ces escrocs commettent presque toujours une erreur fatale dans leur scénario.
Voici comment repérer l’arnaque en une seconde et les démarches (assurance, justice) pour vous protéger. ⤵️
Le scénario rodé : comment ils vous piègent (1/4)
Pour que l’arnaque fonctionne, les malfaiteurs misent tout sur la mise en scène et la peur du gendarme. Ils savent qu’un automobiliste stressé perd ses moyens.
Leur équipement est souvent sommaire mais efficace dans l’obscurité : un simple gyrophare bleu acheté sur internet, parfois un pare-soleil avec l’inscription « POLICE » et des tenues sombres qui ressemblent vaguement à des uniformes (blousons tactiques, brassards orange).
Une fois votre véhicule immobilisé, ils adoptent un ton autoritaire et agressif pour vous empêcher de réfléchir.
Leur objectif ? Vous faire sortir du véhicule ou vous faire ouvrir votre vitre pour procéder à une soi-disant « fouille » ou à un « contrôle anti-stupéfiants ». C’est à ce moment-là qu’ils dérobent argent liquide, bijoux, téléphones et papiers d’identité, avant de prendre la fuite à toute vitesse.
Dans les cas les plus graves, cela peut virer au car-jacking violent.
Le signe ABSOLU qui prouve l’arnaque (2/4)
Si vous avez un doute face à un véhicule banalisé, il existe un “drapeau rouge” qui ne trompe jamais. C’est le détail qui doit vous faire verrouiller vos portes et appeler le 17 immédiatement.
Un vrai policier ou gendarme ne vous demandera JAMAIS de payer une amende en espèces au bord de la route. 🚨
C’est une règle absolue. Depuis plusieurs années, les forces de l’ordre sont équipées de terminaux électroniques sécurisés (tablettes ou smartphones NEO). Si vous avez commis une infraction, le procès-verbal est dressé numériquement et l’avis de contravention est envoyé directement à votre domicile par voie postale.
Si l’individu face à vous exige du cash immédiat sous prétexte :
- D’éviter un retrait de points ;
- D’éviter la mise en fourrière immédiate du véhicule ;
- De payer une “consigne” pour une infraction étrangère (si vous avez des plaques françaises) ;
C’est une escroquerie à 100 %. Refusez, remontez votre vitre et partez. Aucune procédure légale ne prévoit de transaction en billets de banque main à la main sur le bord d’une autoroute. Voici les autres indices visuels pour les démasquer ⤵️
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Les autres indices visuels pour les démasquer (3/4)
Outre la demande d’argent, d’autres détails doivent éveiller vos soupçons. Les « faux bleus » soignent rarement leur apparence jusqu’au bout.
Regardez leurs pieds. Les vrais policiers, même en civil (BAC, PJ), portent des chaussures d’intervention robustes ou des rangers. Les escrocs, eux, portent souvent des baskets de marque voyantes ou des jeans délavés.
Soyez également attentif à leur comportement. Un vrai contrôle suit un protocole strict : présentation, demande des papiers. Un faux policier sera souvent nerveux, regardera autour de lui, et tentera de fouiller votre habitacle, votre boîte à gants ou votre sac à main lui-même.
Un gendarme vous demandera d’ouvrir le coffre, mais il est rare qu’il plonge ses mains dans vos affaires personnelles sans motif grave.
Face à ce risque grandissant, s’équiper d’une caméra embarquée pour voiture (dashcam) est devenu un réflexe de sécurité indispensable. En filmant la scène, vous dissuadez souvent les imposteurs qui craignent d’être identifiés.
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Que faire si cela vous arrive ? (4/4)
Si vous êtes ciblé, votre sécurité prime. Ne sortez pas de votre voiture. Verrouillez les portières (système de condamnation centralisée). Entrouvrez la vitre de seulement 2 centimètres pour parler.
Demandez à voir la carte professionnelle (format carte de crédit, avec photo et puce électronique). Si l’individu refuse ou devient menaçant, redémarrez doucement et dirigez-vous vers un lieu fréquenté (station-service, péage) tout en appelant le 17.
Si malheureusement le vol a lieu, les conséquences peuvent être lourdes financièrement. C’est ici que la qualité de votre couverture d’assurance entre en jeu.
Il est crucial de vérifier si votre contrat d’assurance automobile tous risques inclut une garantie spécifique pour le vol des effets personnels ou le vol “à la portière”. Beaucoup de contrats de base (Tiers) ne couvrent pas le vol de votre argent liquide ou de votre smartphone à l’intérieur de l’habitacle.
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Il faudra déposer plainte immédiatement. L’infraction commise par ces faux policiers est doublement grave : il s’agit d’un vol (souvent avec violences ou menace) aggravé par une usurpation de fonction publique.
Si vous êtes victime, l’assistance d’un avocat spécialisé en droit pénal et routier peut s’avérer nécessaire pour constituer votre dossier et demander une indemnisation adéquate, notamment via le fonds de garantie si les auteurs ne sont pas solvables ou retrouvés.
Conclusion
La prudence est mère de sûreté. Si un gyrophare s’allume derrière vous en pleine nuit sur une route déserte :
- Ne vous arrêtez pas dans le noir total.
- Mettez vos warnings pour signifier que vous avez vu.
- Roulez jusqu’à une zone éclairée.
- Et surtout : Pas de carte professionnelle = Pas d’ouverture de porte.
N’oubliez pas : un gendarme comprendra toujours que vous cherchiez la sécurité. Un escroc, lui, s’énervera. C’est toute la différence.