Le cercueil disparaît derrière la porte du four… mais que se passe-t-il vraiment ensuite ? Ce que subit réellement le corps durant une crémation est rarement raconté. Jusqu’à ce que ce directeur de crématorium décide de tout révéler.
Avant la crémation : les préparatifs invisibles
Avant d’être introduit dans le four, le corps fait l’objet de préparatifs strictement encadrés. Tout commence par une identification rigoureuse : un bracelet métallique résistant à la chaleur, avec un numéro unique, est fixé sur le corps. Ce code suit les restes jusqu’à leur remise à la famille, sans risque de confusion.
Le défunt est ensuite lavé, habillé ou enveloppé dans un linceul, selon les volontés. Il est placé dans un cercueil adapté à la crémation (sans métal ni vernis toxique).
Certaines précautions sont obligatoires :
- retrait des pacemakers (risque d’explosion),
- suppression des prothèses électroniques,
- enlèvement éventuel des bijoux oubliés.
« Chaque détail compte. Un pacemaker oublié peut créer un accident dans le four. On vérifie toujours deux fois. », selon Julien M., directeur de crématorium.
Le cercueil est ensuite déposé dans une salle d’attente dédiée, dans l’ordre des cérémonies du jour. Dans certains crématoriums, la famille peut assister à l’entrée du cercueil dans le four, derrière une vitre.
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À l’intérieur du four : ce que subit le corps
Une fois le cercueil introduit dans le four, la crémation commence immédiatement sous l’effet d’une chaleur intense, entre 760 °C et 1150 °C. Contrairement aux idées reçues, il n’y a ni flammes apparentes ni violence visuelle : tout se passe dans une chambre fermée, silencieuse et maîtrisée.
Le cercueil se consume d’abord, puis les tissus du corps (peau, organes, muscles) se désintègrent sous l’effet de la chaleur. Ce processus libère principalement de la vapeur d’eau et du CO₂, filtrés et évacués par un système dédié.
Les ossements restent partiellement intacts en fin de combustion. Ils sont noircis, friables, et nécessitent parfois l’intervention d’un opérateur pour être repositionnés et faciliter la crémation complète.
« On ne touche jamais au corps à main nue. On intervient seulement à l’aide d’un outil métallique, quand c’est nécessaire, et toujours avec respect. », précise Julien M., directeur de crématorium.
La durée moyenne d’une crémation est de 1h30 à 2h, selon le poids du corps, le matériau du cercueil, et les réglages du four. Ce temps permet une réduction complète à l’état minéral, avant le broyage final.
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Ce qu’il reste : ossements, crémulation et cendres
Contrairement à ce que l’on imagine, la crémation ne produit pas de cendres au sens classique, mais des fragments d’os calcinés, solides mais très friables. Une fois refroidis, ces restes sont soigneusement rassemblés dans le fond du four à l’aide d’un outil métallique.
Ils sont ensuite placés dans un crémulateur, une machine qui broyera les os en une poudre fine et homogène. C’est cette poudre, gris clair à légèrement granuleuse, que l’on appelle couramment les « cendres ».
La quantité obtenue dépend de la morphologie, mais représente généralement 2 à 4 kg, soit environ 3 à 7 litres.
Avant de les remettre à la famille, les opérateurs retirent à l’aimant les éléments métalliques résiduels (vis, prothèses, bijoux), qui sont ensuite recyclés ou traités selon les règles du site.
Les cendres sont ensuite scellées dans un sac avec leur étiquette d’identification, puis placées dans une urne ou un contenant provisoire, selon les souhaits de la famille.
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Une alternative plus douce : l’hydrolyse alcaline ?
Face aux préoccupations environnementales et au besoin de rituels plus apaisés, une méthode alternative se développe : l’hydrolyse alcaline, aussi appelée aquamation.
Ce procédé consiste à plonger le corps dans un mélange d’eau chaude (environ 150 °C) et de substances alcalines, dans une cuve hermétique. Sous l’effet de la chaleur et de la pression, les tissus se décomposent naturellement en quelques heures, ne laissant que des ossements blanchis, qui seront ensuite broyés comme dans une crémation traditionnelle.
L’aquamation est considérée comme bien plus écologique : elle génère jusqu’à 7 fois moins de CO₂, consomme 90 % d’énergie en moins, et n’émet aucun rejet toxique. Autre avantage : les implants comme les pacemakers peuvent rester en place, sans risque.
Perçue comme moins brutale, cette méthode séduit aussi les familles sensibles, car elle ne fait appel ni à la flamme ni à la combustion visible.
L’aquamation est déjà légale dans plus de 20 États américains, ainsi qu’au Canada, en Australie et en Irlande. En France, elle n’est pour l’instant autorisée que pour les animaux, mais un débat est en cours pour son extension aux défunts humains.
Le coût reste encore plus élevé qu’une crémation classique (environ +500 €), mais pourrait baisser avec le temps.
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