Chaque année, les campagnes de sensibilisation contre le cancer du sein mobilisent à juste titre l’opinion publique. Octobre rose, dépistage organisé, rubans solidaires… Tout est mis en œuvre pour lutter contre ce cancer devenu symbole de la santé féminine.
Mais derrière cette mobilisation essentielle, un autre tueur s’attaque silencieusement aux femmes. Plus discret, moins médiatisé, il provoque pourtant six fois plus de décès féminins que le cancer du sein… sans que la majorité de la population en soit consciente.
Alors, quel est ce fléau invisible ? Pourquoi tue-t-il autant, et surtout, comment s’en prémunir ?
Un ennemi méconnu… mais omniprésent
Il ne s’agit ni d’un virus, ni d’un cancer rare, ni d’une maladie mystérieuse. Pourtant, cet ennemi silencieux fait chaque année des dizaines de milliers de victimes féminines. Il progresse sans bruit, parfois pendant des années, avant de frapper brutalement, souvent trop tard.
Ce fléau n’épargne aucune génération : il touche les jeunes femmes comme les plus âgées, et son impact est en constante augmentation, notamment chez les moins de 55 ans.
Plus troublant encore : il est largement sous-estimé, y compris par celles qui sont directement concernées. Très peu de femmes savent qu’elles y sont plus exposées qu’elles ne le pensent. Et dans l’imaginaire collectif, cette maladie est encore associée aux hommes, alors même que les statistiques disent le contraire.
Alors, de quelle menace parle-t-on exactement ? Pourquoi agit-elle dans l’ombre ? Et surtout, comment expliquer que si peu de campagnes de prévention y soient consacrées alors qu’elle fait tant de ravages ? On fait le point tout de suite.
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Le danger que personne ne voit venir
Pendant longtemps, cette menace a été perçue comme un « problème d’hommes« . Un stéréotype qui a coûté – et coûte encore – des milliers de vies féminines chaque année.
Ce fléau, ce sont les maladies cardiovasculaires : infarctus, AVC, insuffisance cardiaque… Ces pathologies du cœur et des vaisseaux sont aujourd’hui la première cause de mortalité chez les femmes en France.
👉 Près de 75 000 femmes en meurent chaque année, selon la Fédération Française de Cardiologie., contre 12 600 pour le cancer du sein. Chaque jour, 204 femmes meurent d’une maladie cardiovasculaire en France, contre 35 du cancer du sein.
Et le phénomène s’aggrave : un infarctus sur quatre chez les femmes survient désormais avant 65 ans, contre un sur six il y a vingt ans. L’âge ne protège plus.
Pire encore : près de 400 000 femmes sont hospitalisées chaque année pour une pathologie cardiovasculaire, dont 33 % ont moins de 65 ans.
« Plus des trois quarts de ces maladies pourraient être évitées », affirme cette cardiologue au CHU de Lille, « grâce à une bonne hygiène de vie et des mesures de prévention mieux adaptées aux femmes. »
Mais encore faut-il que le risque soit connu. Et là réside une partie du problème.
Un risque méconnu à cause des préjugés existants
Si Octobre rose et le dépistage du cancer du sein sont connus du grand public, qui sait qu’il existe aussi une Journée mondiale du cœur, le 29 septembre ? Cette journée vise à sensibiliser sur les facteurs de risque… mais passe encore largement inaperçue.
🚨 Le plus alarmant ? Près d’une femme sur deux entre 18 et 25 ans pense encore que les maladies cardiovasculaires concernent surtout les hommes, selon un sondage Ifop 2023 pour la Fédération Française de Cardiologie. Ce décalage de perception empêche une réelle prise de conscience… alors que les femmes sont directement concernées.
Et les chiffres confirment l’urgence : une étude publiée en 2016 montrait que le taux d’hospitalisation pour infarctus chez les femmes de 45 à 54 ans augmente d’environ 5 % par an.
Autre donnée préoccupante : une étude de 2018 signalait une baisse du traitement de l’hypertension chez les femmes, alors même qu’elles sont toujours très nombreuses à en souffrir. Or l’hypertension est le premier facteur de risque d’AVC.
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Pourquoi les femmes sont-elles aussi vulnérables ?
Si les maladies cardiovasculaires frappent si durement les femmes, ce n’est pas un hasard. Plusieurs facteurs biologiques, médicaux et sociétaux, contribuent à accroître leur vulnérabilité.
1. Une sous-estimation historique du risque
Longtemps perçues comme une pathologie masculine, les maladies cardiovasculaires ont été sous-diagnostiquées et sous-étudiées chez les femmes. Cette invisibilisation a entraîné un retard dans la prévention, la recherche et la formation médicale.
Résultat : beaucoup de femmes — et parfois même certains professionnels de santé — continuent à croire, à tort, qu’elles sont « moins exposées ».
2. Des symptômes atypiques et mal reconnus
Contrairement aux hommes, les femmes ne présentent pas toujours les symptômes classiques (douleur thoracique aiguë irradiant dans le bras gauche) lors d’un infarctus.
Chez elles, les signaux peuvent être plus discrets :
- Fatigue soudaine ou inhabituelle
- Essoufflement rapide
- Douleurs diffuses (dos, mâchoire, cou)
- Nausées ou vertiges
Ces manifestations moins spectaculaires sont souvent banalisées ou attribuées à tort au stress ou à l’anxiété, ou encore aux périodes menstruelles, ce qui entraîne des retards de diagnostic, parfois fatals.
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3. Des facteurs de risque spécifiques aux femmes
Certaines situations propres au corps féminin augmentent le risque cardiovasculaire :
- Ménopause, qui modifie l’équilibre hormonal protecteur
- Contraception hormonale, notamment chez les fumeuses ou les femmes migraineuses
- Grossesses à risque : prééclampsie, diabète gestationnel, hypertension gravidique
- Migraine avec aura, identifiée comme un facteur aggravant en cas de tabagisme
Tous ces éléments nécessitent un suivi médical ciblé, encore trop rare dans les pratiques actuelles.
4. Un manque de prévention adaptée
Alors que le dépistage organisé du cancer du sein est largement diffusé, aucun programme national n’existe spécifiquement pour les maladies cardiovasculaires chez les femmes.
Le dépistage de l’hypertension, du cholestérol ou du diabète est souvent fait tardivement, et rarement dans une logique préventive. De plus, les femmes consultent en moyenne plus tard que les hommes en cas de douleur ou de symptômes inhabituels.
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En résumé
- ✅ Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité féminine en France
- ✅ Elles tuent six fois plus que le cancer du sein
- ❌ Elles sont encore trop peu connues, mal diagnostiquées, et sous-estimées
- 💡 La prévention passe par l’information, le dépistage et un mode de vie sain
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