C’est un geste d’hygiène banal qui a conduit à une issue dramatique. Comme le rapportent nos confrères de NBC News et confirmé par les autorités sanitaires américaines, une femme de 71 ans est décédée au Texas après avoir effectué un lavage nasal avec de l’eau du robinet, contenant vraisemblablement une amibe pathogène appelée Naegleria fowleri.
L’affaire, survenue début juin 2025, relance les alertes sur les dangers liés à l’utilisation d’eau non stérile pour des usages médicaux.
Une infection rare mais presque toujours mortelle
La victime, une femme de 71 ans en bonne santé selon ses proches, résidait temporairement dans un camping-car lorsqu’elle a entrepris un geste anodin : un rinçage des sinus à l’aide d’une poire, pour soulager une simple congestion nasale. L’eau utilisée provenait directement du robinet de son réservoir d’eau potable de son camping-car.
Quelques jours plus tard, le tableau clinique s’est brutalement aggravé. Quatre jours après le lavage nasal, elle a présenté des symptômes intenses : fièvre élevée, céphalées persistantes, nausées puis troubles du comportement et confusion mentale. Transportée d’urgence à l’hôpital, elle a été admise en soins intensifs. Malgré les efforts des équipes médicales, elle est décédée en moins de dix jours.
Le diagnostic post-mortem a confirmé la cause du décès : une méningoencéphalite amibienne primitive (MAP), une infection rare et foudroyante provoquée par l’amibe Naegleria fowleri.
Comme le rappelle le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), cette infection est aussi rare que redoutable : entre 1962 et 2023, seulement 164 cas ont été recensés aux États-Unis. Sur ce total, 160 personnes sont décédées, ce qui porte le taux de létalité à plus de 97 %. À ce jour, seules quatre personnes ont survécu à cette infection aux États-Unis, grâce à un diagnostic extrêmement précoce et à des traitements expérimentaux lourds.
« Il n’existe à ce jour aucun traitement pleinement efficace contre cette infection extrêmement agressive », rappelle le CDC.
Ce cas, bien que rarissime, illustre l’extrême gravité de cette pathologie et l’urgence d’en rappeler les mécanismes et les mesures de prévention.
📚 À lire aussi : Elle cueillait les légumes de son potager, une femme perd la vie à cause d’un serpent
Un tueur microscopique dans l’eau douce : l’amibe « mangeuse de cerveau »
Le nom fait frémir, et pourtant il désigne une réalité bien documentée par la communauté scientifique : Naegleria fowleri, surnommée « l’amibe mangeuse de cerveau », est un micro-organisme unicellulaire de la famille des protozoaires.
Invisible à l’œil nu, il vit naturellement dans les eaux douces tièdes, notamment dans les lacs, rivières, sources chaudes, piscines mal désinfectées, et parfois même dans les réseaux de plomberie domestique.
Contrairement à une bactérie ou à un virus, Naegleria fowleri est un organisme vivant complet, capable de se déplacer et de se nourrir. Elle se développe principalement lorsque l’eau est stagnante, tiède (généralement entre 25 et 45 °C) et peu chlorée.
➡️ Lorsqu’on boit de l’eau contaminée, il n’y a généralement aucun danger, car l’amibe est détruite dans l’estomac.
➡️ En revanche, lorsqu’elle pénètre par les voies nasales, notamment lors de rinçages de nez, de plongées ou de jeux aquatiques, elle peut remonter jusqu’au cerveau par le nerf olfactif.
Une fois dans le cerveau, l’amibe attaque rapidement les tissus cérébraux, provoquant une inflammation aiguë connue sous le nom de méningoencéphalite amibienne primitive (MAP). La progression est rapide, les symptômes apparaissent sous quelques jours et l’issue est, dans la majorité des cas, fatale.
📚 À lire aussi : Rats dans le jardin : cette erreur banale qui attire les nuisibles
Les symptômes de cette infection rarissime
L’incubation est rapide : les premiers symptômes apparaissent entre 1 et 12 jours après l’exposition, avec une moyenne de 5 jours.
L’infection débute souvent de façon bénigne, mais dégénère très vite en tableau neurologique sévère. Les symptômes incluent :
- Fièvre soudaine et intense
- Maux de tête frontaux violents
- Nausées, vomissements
- Raideur de la nuque
- Confusion mentale, hallucinations
- Perte d’équilibre, convulsions
- Coma
Le décès survient généralement entre 5 et 7 jours après l’apparition des premiers signes.
Bien que le risque d’exposition reste extrêmement faible, les conséquences en cas de contamination sont telles que la vigilance est de mise, surtout en période estivale ou dans les régions où l’eau peut stagner à des températures propices à la prolifération de cette amibe.
📚 À lire aussi : L’Artemisia Annua : la plante qui dérange l’industrie pharmaceutique
Pourquoi l’eau du robinet peut être dangereuse pour le nez ?
En France comme aux États-Unis, l’eau du robinet est potable. Elle est donc parfaitement sûre à boire ou à utiliser pour la cuisine, l’hygiène ou le lavage des mains.
Pourtant, ce que beaucoup ignorent, c’est qu’elle n’est pas stérile, ce qui fait toute la différence dans certains usages, notamment pour les rinçages nasaux.
L’intérieur du nez est une zone très particulière : il est en contact direct avec le nerf olfactif, qui constitue une voie d’accès directe vers le cerveau. Lorsque l’on injecte de l’eau dans les narines, on crée une pression qui peut forcer l’eau (et ce qu’elle contient) à remonter dans les cavités nasales profondes.
Or, l’eau du robinet peut contenir :
- des bactéries inoffensives pour l’intestin mais malvenues dans les voies respiratoires,
- des résidus de biofilm provenant des tuyauteries,
- et, dans de très rares cas, des amibes pathogènes comme Naegleria fowleri.
Cette amibe ne pose aucun danger si elle est ingérée. Mais si elle pénètre par le nez, elle peut migrer vers le cerveau et provoquer une infection neurologique foudroyante.
📚 À lire aussi : « Nous n’avons jamais eu de patients aussi jeunes » : Pourquoi de plus en plus de jeunes de 20, 30 ou 40 ans font des AVC ?
Comment se protéger : précautions simples mais vitales
Le lavage de nez est une pratique médicale bénéfique, recommandée en cas de rhinite, sinusite, allergies ou même pour améliorer la respiration. Mais ce geste d’apparence anodine peut devenir dangereux s’il est mal réalisé. Le drame survenu au Texas en est une démonstration tragique.
La clé de la sécurité, c’est la qualité de l’eau utilisée. L’eau du robinet, bien que potable, n’est pas stérile et peut contenir des micro-organismes inoffensifs pour l’intestin, mais dangereux pour le système nerveux si introduits par le nez.
✅ Les bonnes pratiques à adopter
- Utiliser uniquement de l’eau stérile, vendue en pharmacie.
- Ou faire bouillir de l’eau du robinet pendant au moins 3 minutes, puis la laisser refroidir à température ambiante avant usage.
- Autre option : employer de l’eau distillée ou de l’eau filtrée à l’aide d’un filtre certifié (normes NSF 53 ou 58).
- Toujours désinfecter les accessoires de lavage nasal (poire, Neti pot, seringue) après chaque usage avec de l’eau bouillante ou une solution antiseptique.
- Ne jamais utiliser d’eau stagnante, ni d’eau de rivière, de lac ou de puits, même claire.
🚫 À éviter formellement
- L’eau du robinet non bouillie.
- Le lavage nasal en milieu naturel (rivière, lac, piscine non chlorée).
- Le partage de dispositifs de lavage (risque de contamination croisée).
- Le stockage prolongé d’eau dans des récipients ouverts.
Une règle simple à retenir : Si vous ne boiriez pas cette eau sans la traiter, ne l’injectez jamais dans votre nez.
En appliquant ces mesures de précaution simples, vous pouvez continuer à bénéficier des bienfaits du lavage nasal en toute sécurité. L’amibe Naegleria fowleri reste un danger extrêmement rare, mais les conséquences d’une contamination sont telles que la prévention reste indispensable.
Si vous avez aimé cet article, faites-le nous savoir !