Un vent d’inquiétude souffle sur les services neurologiques. Depuis quelques années, les médecins font face à une réalité qu’ils peinaient encore récemment à imaginer : des jeunes adultes, parfois à peine âgés de 20 ans, sont victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Ces cas, autrefois rarissimes, deviennent soudainement plus fréquents.
« Nous n’avons jamais eu de patients aussi jeunes », confie le Dr Mohammad Anadani, chef du service de neuro-endovasculaire à l’Endeavor Health Neurosciences Institute, aux États-Unis.
Deux de ses dernières patientes avaient respectivement 23 et 24 ans. Toutes deux en bonne santé apparente, sportives, dynamiques… et pourtant frappées de plein fouet par un AVC.
Cette tendance trouble les spécialistes. Le phénomène est global, rapide, et encore mal expliqué. Car si certaines causes classiques sont bien identifiées, d’autres cas, plus énigmatiques, concernent des jeunes sans antécédent, ni facteur de risque évident.
« On sent que quelque chose a changé », glissent certains praticiens avec prudence. Sans l’affirmer, une partie du corps médical soupçonne un facteur déclencheur encore mal identifié, survenu récemment, et qui pourrait agir comme un amplificateur silencieux.
Une simple coïncidence statistique ? Ou le signe que notre époque expose les jeunes à des risques vasculaires jusque-là insoupçonnés ? Le doute s’installe, et l’inquiétude grandit.
Une menace silencieuse frappe les jeunes générations
Les données les plus récentes parlent d’elles-mêmes. Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les hospitalisations liées à des AVC chez les adultes de 18 à 44 ans ont augmenté de 14,6 % entre 2020 et 2022. En France, l’Assurance Maladie observe une tendance similaire : la proportion de jeunes victimes d’AVC est en hausse constante depuis une décennie. Une étude récente a même révélé que plus d’un quart des patients hospitalisés pour AVC ont moins de 65 ans.
Aux États-Unis, les chiffres sont également alarmants. Entre 2011 et 2022, le nombre de cas d’AVC a augmenté de 7,8 %, tandis que les décès liés à ces accidents ont progressé de 12 % chez les 45-64 ans en 2021.
Dans les hôpitaux, les professionnels de santé décrivent une nouvelle réalité clinique. Le Dr Mohammad Anadani, neurologue à l’Endeavor Health Neurosciences Institute, raconte avoir traité plusieurs patientes dans la vingtaine victimes d’AVC emboliques (l’un des types les plus graves) sans les facteurs de risques classiques des seniors.
Ces chiffres ne relèvent plus du hasard. Ils dessinent un changement d’époque : les jeunes adultes sont désormais une population à risque.
La situation est d’autant plus critique dans les pays en développement, où la mortalité par AVC a augmenté de 42 % en vingt ans, selon The Lancet, contre une baisse de 37 % dans les pays riches. Si la tendance n’est pas inversée, les experts redoutent un doublement des décès liés aux AVC d’ici 2030.
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Pourquoi les jeunes font-ils plus d’AVC aujourd’hui ?
La réponse est multifactorielle et met en lumière l’impact de nos modes de vie modernes sur la santé cérébrovasculaire.
1. Les maladies chroniques précoces
Hypertension artérielle, diabète de type 2 et obésité apparaissent désormais chez les jeunes adultes. Ces facteurs sont directement liés à un risque accru d’AVC, et leur présence précoce aggrave les effets sur le long terme.
2. Une hygiène de vie dégradée
Le stress chronique, les heures de travail prolongées, une alimentation industrielle riche en sel et en sucres, ainsi que la sédentarité numérique contribuent à une détérioration silencieuse du système vasculaire.
3. Contraception hormonale et facteurs féminins
Chez certaines jeunes femmes, l’usage de contraceptifs oraux combinés, en particulier en présence de facteurs génétiques ou cardiaques comme le foramen ovale perméable, peut déclencher un AVC.
4. Usage de drogues et tabac
Le tabac, les stimulants (cocaïne, MDMA), ou même le vapotage excessif sont associés à des troubles de la coagulation ou à des spasmes artériels, augmentant le risque d’AVC.
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Le vaccin Covid-19 est-il en cause ?
Depuis l’augmentation des cas d’AVC chez les jeunes, certaines voix s’interrogent : et si le vaccin contre le Covid-19 avait un lien ?
Il est vrai que plusieurs effets secondaires rares ont été signalés, notamment des cas de thromboses. Toutefois, les autorités de santé, dont l’OMS et l’Agence européenne du médicament, sont catégoriques : aucune corrélation directe ni statistiquement significative n’a été prouvée entre la vaccination et une explosion des AVC chez les jeunes.
Les études sérieuses montrent que le Covid-19 lui-même présente un risque bien plus élevé d’accident vasculaire cérébral, notamment via l’inflammation généralisée qu’il provoque. En réalité, le vaccin protège indirectement du risque d’AVC en réduisant les formes graves du virus.
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Prévenir l’AVC chez les jeunes : une urgence de santé publique
Il devient crucial de revoir notre approche de la prévention. L’AVC n’est plus un problème réservé aux personnes âgées. Les campagnes de sensibilisation doivent viser les jeunes adultes, intégrer les examens de tension artérielle, de glycémie, ou encore les ECG dès l’âge de 25 ans chez les personnes à risque.
Les signes avant-coureurs d’un AVC (trouble de la parole, engourdissement d’un côté du corps, vision trouble, maux de tête soudains) doivent être pris au sérieux, quel que soit l’âge de la personne concernée. Le temps est compté : chaque minute perdue détruit des millions de neurones.
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Vers une prise de conscience collective
Les AVC chez les jeunes sont le miroir d’un déséquilibre sociétal plus large. Si le stress, la sédentarité et la malbouffe sont devenus monnaie courante, les conséquences, elles, peuvent être irréversibles.
Une nouvelle génération de patients, jeunes mais gravement touchés, nous pousse à repenser l’équilibre entre performance et santé. Prévenir les AVC chez les moins de 45 ans, c’est aussi s’interroger sur notre mode de vie global.
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