Ce que signifie vraiment le fait d'interrompre sans arrêt les gens quand ils parlent, selon cette psychologue
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Ce que signifie vraiment le fait d’interrompre sans arrêt les gens quand ils parlent, selon cette psychologue

Pourquoi certaines personnes ne peuvent tout simplement pas s’empêcher d’interrompre les autres ? Que ce soit au travail, en couple ou entre amis, elles coupent la parole sans même s’en rendre compte — laissant derrière elles agacement, frustration ou malaise.

Mais ce réflexe n’est pas toujours un signe d’impolitesse. Selon une psychologue spécialisée en communication, il révélerait souvent quelque chose de bien plus profond… et parfois même d’inconscient.

Quand couper la parole devient un réflexe (1/3)

Il y a ceux qui hochent la tête pour montrer qu’ils écoutent… et ceux qui ne peuvent pas attendre que la phrase se termine. Couper la parole est devenu un réflexe si courant qu’on en oublie parfois à quel point il peut perturber une conversation.

Selon une étude publiée dans le Journal of Language and Social Psychology (2020), près d’une interaction sur trois comporte au moins une interruption. Et dans les échanges de groupe, ce taux grimpe à près de 45 %.

Mais toutes les interruptions ne se valent pas. Les linguistes distinguent deux types :

  • Les interruptions coopératives, quand on intervient pour soutenir ou compléter l’idée de l’autre.
  • Et les interruptions compétitives, quand on cherche à prendre le contrôle de la parole ou à orienter la conversation.

C’est ce deuxième type, plus invasif, qui épuise et frustre. Des chercheurs de l’université de Californie (Berkeley Well-Being Institute) rappellent que ces coupures répétées peuvent affaiblir la qualité du lien social, car elles font sentir à l’autre qu’il “n’est pas entendu”.

Dans le cadre professionnel, les interruptions sont également un indicateur de pouvoir.
Une étude de l’université de Yale (2014) a montré que, dans les réunions mixtes, les hommes interrompent 33 % plus souvent les femmes que l’inverse — un phénomène désormais connu sous le nom de “manterrupting”.

Et ce réflexe ne touche pas que le monde du travail. Dans les couples aussi, il peut s’installer avec le temps. Selon la thérapeute américaine Dr Deborah Tannen, spécialiste du langage relationnel, “interrompre sans cesse est souvent perçu par le partenaire comme une forme de rejet ou de désintérêt, même lorsque ce n’est pas volontaire.”

Mais que dit la psychologie de ce comportement ? Est-ce un manque d’éducation… ou un besoin inconscient de contrôle ? La réponse se trouve dans la prochaine section. ⤵️

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Ce que dit la psychologie : le vrai sens derrière ce comportement (2/3)

Couper la parole n’est pas toujours un signe d’impolitesse. Derrière ce réflexe parfois agaçant se cachent souvent des mécanismes psychologiques profonds — liés à la personnalité, à l’émotion ou même à la structure cognitive.

Selon la psychologue américaine Dr Deborah Tannen, professeure à l’université de Georgetown et spécialiste de la communication interpersonnelle, l’interruption est souvent une tentative de connexion plutôt qu’une agression.

Mais tout dépend du contexte et de la fréquence. Une étude publiée dans Psychology Today (2023) explique que les interruptions répétées sont souvent associées à trois grands profils psychologiques :

  • Les impulsifs : ils parlent avant de réfléchir, portés par l’excitation ou la peur d’oublier ce qu’ils voulaient dire.

Selon une méta-analyse du Journal of Attention Disorders (2019), les personnes présentant des traits de TDAH interrompent jusqu’à 60 % plus souvent que la moyenne, à cause d’un déficit d’inhibition verbale.

  • Les anxieux : ils redoutent le silence, la perte d’attention ou de légitimité.

Pour eux, interrompre devient un moyen de reprendre le contrôle de la conversation — une forme d’auto-défense sociale.

La psychologue Dr. Ramani Durvasula (Université d’État de Californie) souligne que “l’interruption peut être un signe d’anxiété conversationnelle : la peur de ne pas être entendu pousse à parler trop vite ou trop tôt”.

  • Les dominateurs : ils utilisent l’interruption comme une stratégie de pouvoir.

D’après une étude du Harvard Business Review (2018), dans les discussions à plusieurs, les personnes à forte dominance sociale interrompent davantage pour garder le contrôle ou rediriger le sujet.

Ces trois dynamiques peuvent coexister : impulsivité, insécurité et besoin de contrôle se combinent parfois sans que la personne en ait conscience.

👉 Dans la partie suivante, les psychologues expliquent comment apprendre à écouter sans couper la parole — et pourquoi cela change profondément nos relations.

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Peut-on apprendre à écouter sans couper la parole ? (3/3)

La bonne nouvelle, c’est que couper la parole n’est pas une fatalité. Les psychologues s’accordent à dire qu’il est possible de “rééduquer” ce réflexe avec un peu de conscience et de pratique. Tout commence par un travail d’écoute… et d’humilité.

1. Prendre conscience de son réflexe

Le premier pas consiste à repérer les moments où l’on interrompt : au travail ? En couple ? Avec certaines personnes plus qu’avec d’autres ?
Tenir un petit “journal d’écoute” — noter les situations où l’on coupe — aide à identifier les déclencheurs émotionnels (impatience, stress, peur de ne pas être entendu).

Une étude publiée dans le Journal of Communication (2018) a montré que les personnes ayant suivi un entraînement de “pause consciente” réussissaient à réduire de 40 % leurs interruptions spontanées en seulement deux semaines.

2. Reformuler au lieu de couper

Les thérapeutes de l’American Psychological Association (APA) recommandent la reformulation active : attendre que l’autre termine, puis résumer ce qu’il vient de dire avant d’ajouter sa propre idée.

C’est une technique d’écoute utilisée en thérapie et en médiation, qui renforce la confiance et diminue la tension verbale.

Exemple : “Si je te comprends bien, tu veux dire que…”
👉 Cette simple phrase signale que tu écoutes, même si tu n’es pas d’accord.

3. Comprendre le besoin qui se cache derrière

Les interruptions répétées ont souvent une racine émotionnelle : besoin de reconnaissance, d’attention ou de contrôle.

Plutôt que de s’en vouloir, il est utile d’explorer ce besoin avec bienveillance.
La psychologue Dr. Ramani Durvasula rappelle que :

“L’interruption est parfois une peur déguisée : celle de ne pas exister dans l’échange.”

Identifier cette peur, puis s’entraîner à écouter sans agir dessus, permet souvent de transformer profondément sa manière de communiquer.

4. Pratiquer le silence actif

Harvard Health Publishing (2022) propose un exercice simple : le “silence actif”. Il s’agit de laisser 3 secondes de vide avant de répondre, même quand on a envie de parler.

Cette pause crée un espace d’écoute réelle et donne à l’autre la sensation d’être pleinement entendu.

En résumé, ne plus interrompre n’est pas seulement une question de politesse, c’est un véritable entraînement émotionnel.

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