Tout savoir sur la faillite de la Silicon Valley Bank en 2023
Silicon Valley Bank

Tout savoir sur la faillite de la Silicon Valley Bank en 2023

La Silicon Valley Bank était, jusqu’à la semaine dernière, une banque inconnue pour la grande majorité d’entre nous. Réputée dans le secteur technologique, elle n’a malheureusement pas pu faire face à la hausse des taux d’intérêts à cause d’une gestion des risques assez catastrophique, ce qui a conduit à sa faillite. On décrypte pour vous cette affaire qui fait trembler la sphère financière.

Le contexte : une banque californienne axée sur les start-up

La Silicon Valley Bank (SVB) est une banque américaine fondée en 1983 qui s’est rapidement spécialisée dans le financement des starts-up de la Silicon Valley. Son métier principal résidait dans les prêts aux starts-up, au capital-risque (VC) et prêts aux entrepreneurs.

C’est une banque très connue des valeurs technologiques américaines, puisque la grande majorité d’entre elles ont fait appel à SVB au cours de leur vie. La banque compte plus de 40 000 clients, soit environ 50% des starts-up américaines.

L’essor de la banque a été assez incroyable entre 2019 et 2021, lorsque les starts-up levaient des fonds records pour se développer. Au cours de cette période, les dépôts des clients de la banque sont passés de 61 milliards de dollars à près de 180 milliards de dollars.

Pour générer des rendements, la banque va acheter, grâce aux dépôts de ses clients, plus de 80 milliards $ de bons du trésor américain ainsi que des titres adossés à des créances hypothécaires (de l’acronyme MBS qui signifie mortgage-backed securities), qui sont des titres à faible rendement comme des obligations. Les produits sont détenus jusqu’à échéance, c’est-à-dire pour la plupart 10 ans. Le rendement est d’environ 1,56%. Ce taux est à l’époque attractif.

Ces types d’investissements sont généralement considérés comme sans risque, mais lorsque la FED entame sa hausse des taux en 2022, la valeur des titres détenus par la banque va s’effondrer car les investisseurs peuvent acheter des obligations qui rapportent plus. Ces titres dits sans risque se sont alors rapidement dépréciés en raison de la hausse des taux d’intérêt.

L’erreur des dirigeants de la SVB a été de ne pas se couvrir contre une potentielle hausse des taux. La gestion des risques a été calamiteuse.

De plus, avec cette hausse des taux, les starts-up n’arrivent plus à lever des fonds comme avant. Les dépôts de la SVB vont donc baisser, et même chuter plus radicalement lorsque les starts-up vont retirer massivement de l’argent pour se financer et faire face à cette hausse des taux d’intérêts.

Les mauvaises nouvelles s’enchaînent

Jeudi 9 mars, la banque annonce vendre pour 21 milliards de dollars de ses titres, avec une perte nette de 1,8 milliards de dollars, pour faire face aux nombreux retraits de ses clients. La perte de 1,8 milliards $ équivaut au résultat net de la banque pour une année entière. Et pire encore, la banque annonce avoir besoin de 2,25 milliards $ supplémentaires sous forme d’actions et de titres de créances. Le fonds General Atlantic accepte de financer à hauteur de 500 millions de dollars, mais il manque encore 1,75 milliards de dollars à trouver.

En parallèle, le fondateur de Paypal, Peter Thiel, demande à ses entreprises de retirer 100% de leurs dépôts de la SVB. L’information se répand très rapidement dans la sphère financière, et les clients comme les investisseurs commencent donc à paniquer.

Les clients de la banque retirent près de 42 milliards de dollars en 24h, ce qui crée le « bank run » (panique bancaire) le plus gros de l’histoire. La banque n’a plus assez de liquidités pour faire face à tous ces retraits. Les actions de la banque s’écroulent de 40%, entraînant dans son sillage toutes les valeurs du secteur bancaire, et même les principaux indices boursiers américains.

Dès le vendredi 10 mars, les actions de la banque continuent de s’écrouler avec les craintes d’insolvabilité, et le CEO appelle au calme. La banque annonce chercher un repreneur. D’ailleurs, dans les faits marquants, il est possible de souligner que ce CEO a vendu pour 3,5 millions de dollars d’actions la semaine passée… était-il au courant de cette situation délicate ? Probablement. Pareil pour le CFO (Chief Financial Officer = directeur financier) qui a vendu pour 500 000 dollars d’actions la même semaine.

Face à cette panique, le régulateur bancaire américain FDIC (Federal Deposit Insurance Corp) intervient, prend le contrôle de la banque et notamment de ses dépôts, et suspend son activité. La réactivité des autorités de régulation est remarquable sur ce coup, probablement qu’ils ont tiré la leçon de 2008. La Signature Bank (SBNY) a également été fermée, les régulateurs ayant invoqué une exception pour risque systémique.

Selon le Wall Street Journal, il faut savoir que cela devient la 2ème plus grande faillite bancaire américaine dans l’histoire, après Washington Mutual. D’où la panique sur les marchés financiers.

Quelles sont les conséquences concrètes de cette faillite ?

Il faut savoir que les dépôts dans les banques américaines sont garantis à hauteur de 250 000 dollars (contrairement aux 100 000 euros dans les banques européennes). Mais malheureusement, 97% des clients de SVB ont des dépôts supérieurs à ce montant… La question est de savoir comment l’autorité de régulation américaine va gérer ce remboursement.

Dimanche soir le 12 mars 2023, le Trésor américain, la banque centrale (la FED) et l’autorité de régulation (la FDIC) ont annoncé que tous les clients de SVB pourront accéder à leurs fonds dès lundi. C’est rassurant car beaucoup de petites entreprises américaines ont besoin de ces dépôts pour continuer à payer leurs salariés, ce qui représente des milliers d’emplois aux US.

De plus, Biden a ajouté dans son allocution de ce lundi que ce n’est pas le contribuable américain qui va payer, et que les fonds d’assurance vont jouer leur rôle. Il souhaite également demander au Congrès de renforcer les règles bancaires.

PNC Financial (PNC) et Royal Bank of Canada (RY) ont envisagé de faire une offre pour racheter la Silicon Valley Bank. Cependant, l’intérêt des deux groupes s’est depuis refroidi.

Entre-temps, la filiale de HSBC au Royaume-Uni a acquis la branche britannique de SVB pour une livre sterling symbolique. Le régulateur financier allemand a ordonné un moratoire sur la succursale de SVB à Francfort, citant des risques pour l’exécution des obligations envers les créanciers.

Faut-il craindre une contagion au niveau mondial ? 💥

Même si les médias s’affolent autour de cette histoire et c’est normal, il faut rappeler que la banque SVB présentait des vulnérabilités uniques, qui ne sont pas communes à toutes les banques. Elle était principalement axée sur les sociétés de capital-investissement, les investisseurs en capital-risque et les entreprises en démarrage en mettant l’accent sur la technologie. Ce n’est pas une clientèle diversifiée. Par conséquent, la banque a notamment dû faire face au contexte économique de plus en plus difficile pour le capital-risque.

Le journaliste économique Noah Smith a résumé ce moment comme « une chaussure de plus qui tombe dans le lent dégonflement du deuxième boom technologique ».

De plus, les autorités américaines ont pris des mesures d’urgence pour rétablir la confiance dans le système bancaire, après que la faillite de la Silicon Valley Bank a menacé de déclencher une crise financière plus vaste.

Il faut avouer que cette banque a mal effectué sa gestion des risques, ce qui l’a forcée à subir des pertes que la grande majorité des banques ne devraient pas être forcées d’assumer. Les plus grandes banques ont une clientèle beaucoup plus diversifiée et des bilans beaucoup plus solides.

À court terme, cette faillite pourrait même profiter aux grandes banques américaines (Wells Fargo, Goldman Sachs, Bank of America ou encore JPMorgan) car les épargnants transféreront leur argent des banques régionales vers les grandes banques.

Joe Biden a annoncé que le système bancaire américain était « solide ». Du côté de la France, un porte-parole de la Banque de France a également annoncé ce lundi 13 mars 2023 que le risque de contagion était nul en France car « les banques françaises ne sont pas exposées ».

L’autorité de régulation allemande, la BAFIN, a également tenu à rassurer les clients et les investisseurs en disant que la branche allemande de la SVB n’a pas d’importance systémique.

Pour l’instant, il n’existe donc pas de risque significatif en Europe au vu de tous ces éléments.

Une faillite bénéfique pour contrer la hausse des taux d’intérêts, et… l’inflation ?

Concernant la hausse des taux d’intérêt, les analystes de Goldman Sachs ont déclaré qu’ils ne s’attendaient plus à ce que la Réserve fédérale américaine procède à un relèvement des taux lors de sa réunion du 22 mars et qu’il existait une grande incertitude quant à la voie à suivre après mars, compte tenu des tensions récentes dans le secteur bancaire. Goldman s’attendait auparavant à une hausse de 25 points de base en mars. Cela pourrait dans un sens, rassurer les investisseurs.

Il est difficile de tirer des conclusions sur cette histoire encore très récente, et notamment de connaître toutes les conséquences. À court terme, nul doute que le secteur bancaire devrait souffrir mais il est possible de trouver la réaction excessive des investisseurs sur les valeurs bancaires « traditionnelles », et notamment françaises et européennes.

Même si nous savons pertinemment que ces valeurs ne sont pas comme les autres (cycliques, soumises à des risques propres au secteur bancaire, moins accessibles pour les investisseurs particuliers car on n’a pas toujours tous les tenants et aboutissants de la santé financière de la banque..), les banques traditionnelles ont des ratios de liquidité et de solvabilité suffisants pour faire face à une crise. D’autant plus depuis la crise de 2008, et les accords de Bâle qui ont renforcé les règles bancaires sur ces ratios, les principales banques françaises et européennes sont très solides.

Même si l’avenir est très incertain, il faut souligner la réactivité des autorités américaines pour faire fermer la banque et sauver les épargnants, avant que le risque s’étende au reste du système financier.

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