Ils ont tourné le dos. Plus de nouvelles, plus un mot, parfois depuis des années… Face à cette rupture familiale, certains parents en viennent à se poser une question délicate :
« Puis-je déshériter mes enfants s’ils ne me parlent plus ? »
En France, le droit des successions repose sur des règles strictes. Même en cas de conflits ou de silence prolongé, il n’est pas toujours possible d’exclure un enfant de sa succession. Mais heureusement, certaines exceptions existent.
👉 Voici ce que dit précisément la loi française sur cette situation de plus en plus fréquente.
Peut-on vraiment déshériter ses enfants en France ?
En France, il est impossible de déshériter totalement ses enfants. Le droit des successions protège ce que l’on appelle la réserve héréditaire (art. 912 du Code Civil) : une part minimale du patrimoine que les enfants héritent obligatoirement, quoi qu’il arrive.
Chaque enfant est un héritier réservataire. Cela signifie que, même en cas de conflits ou d’absence totale de lien, il conserve un droit automatique sur une partie de l’héritage.
Cette réserve représente :
- 50 % du patrimoine si vous avez un seul enfant,
- 2/3 à partager entre deux enfants,
- 3/4 à partager entre trois enfants ou plus.
La part restante, appelée quotité disponible, peut être librement transmise à un tiers ou répartie différemment — mais jamais au détriment de la réserve.
Autrement dit : en France, on ne peut pas déshériter ses enfants comme dans certains pays anglo-saxons (Royaume-Uni, États-Unis, etc.).
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dans quels cas un enfant peut-il être exclu de la succession ?
Même en cas de silence total ou de conflits familiaux graves, la loi française ne permet pas de déshériter un enfant simplement parce qu’il ne parle plus à ses parents. Le fait de couper les ponts, aussi douloureux soit-il, ne constitue pas un motif légal pour exclure un héritier réservataire.
Seuls certains cas exceptionnels peuvent entraîner une exclusion successorale : on parle alors d’indignité successorale. Ce principe est défini à l’article 726 du Code civil.
Un enfant peut être privé de ses droits dans les cas suivants :
- s’il a été condamné pour avoir porté volontairement atteinte à la vie du défunt ;
- s’il a commis des violences graves ou des sévices ;
- s’il a été reconnu coupable de dénonciations calomnieuses ou de maltraitance répétée.
Dans ces situations, l’exclusion n’est pas automatique : elle doit être demandée devant le tribunal judiciaire, avec des preuves solides. Il s’agit donc d’une procédure exceptionnelle, réservée aux cas les plus graves.
👉 En résumé, la rupture familiale n’est pas un motif valable pour déshériter son enfant. Seuls des faits graves, reconnus en justice, peuvent entraîner une indignité successorale et priver un héritier de sa réserve héréditaire.
Quelles solutions existent malgré tout ?
Même s’il est impossible de déshériter totalement ses enfants, il existe des solutions légales pour réduire leur part dans la succession, dans le respect du Code civil.
Utiliser la quotité disponible
La part du patrimoine non réservée aux enfants — appelée quotité disponible — peut être transmise librement à un tiers, un autre enfant, ou même à une association.
C’est le levier principal pour avantager certains héritiers ou en défavoriser d’autres, sans violer la réserve héréditaire.
Souscrire une assurance-vie
L’assurance-vie est un outil efficace, car les sommes versées au bénéficiaire désigné ne font pas partie de la succession (sauf primes manifestement exagérées).
Elle permet de transmettre un capital à une personne de confiance en dehors du cadre classique de l’héritage.
Se faire accompagner par un notaire
Enfin, pour toute volonté de transmission spécifique dans un contexte familial tendu, il est essentiel de consulter un notaire.
Lui seul pourra vous conseiller sur les solutions adaptées (legs, donations, démembrements…) sans risquer une contestation future.
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